Bonjour à tous ceux qui me liront !
Comme vous le savez, j’ai participé à la 14ème édition du raid VTT du Roc’h des monts d’Arrée le 16 septembre, inscrit sur le parcours des 120 km. Après une préparation spécifique commencée depuis plusieurs mois avec en alternance la collaboration et la bienveillance de mes camarades vététistes et cyclotouristes. Avec ma femme Brigitte (oui ! ma femme et ma sœur s’appellent toutes les deux Brigitte) nous avions réservé un gîte pour le week-end y compris le dimanche soir ! « Rentrer à Nantes le lundi matin c’est plus relax » d’autant plus que comme il y a cinq ans c’était le week-end de mon anniversaire, en l’occurrence celui de mes 55 ans. Nous nous y retrouvions avec un couple de proches qui faisait office de fan club pour l’épreuve. Le dimanche matin à 7h45 je suis le 1er à passer la ligne de départ (vidéo à l’appui si vous ne me croyez pas)… et c’est parti !!!... Je suis resté en tête pendant au moins 1 km, personne ne voulait passer devant, bien content qu’il y ait un ouvreur, alors qu’il faisait encore sombre, puis ce fut le long défilé de dépasseurs, jusqu’aux 5 ou 6ème km où j’entends derrière moi « Michel ??? HOUHOU Michel c’est bien toi Michel ?? » Je me retourne pour être bien sur que l’on s’adressait à moi, et là je vois !!! Sylvie… de la section raide multisports, content de retrouver quelqu’un que je connais, mais hélas pas pour longtemps car 1 ou 2 km plus loin une faute d’inattention en discutant justement avec Sylvie dans un goulet sombre, mon guidon s’accroche dans une branche d’arbuste et boum me voila en vrac dans les ronces du coté… droit ! Mon point faible actuellement ! Sylvie «ça va Michel » moi sur le coup « Oui ! Oui » et elle file son chemin, normal il y a du monde derrière, je reprends mes esprits ! Me relève ! Pour faire le bilan à la sortie du goulet, le vélo a souffert, le guidon est à remettre droit mais surtout en remontant dessus, très vite je me rends compte que la patte de dérailleur aussi ! Et à partir de ce moment ce fut une longue succession d’arrêts pour essayer de détordre ma patte de dérailleur et de le rerégler correctement, je pense que j’ai bien perdu 20 à 30 minutes sans compter les moments où je descendais du vélo, lorsque je ne pouvais pas changer de vitesse en côte. Dans ces conditions je ne pouvais plus rejoindre Sylvie, je me suis donc fait une raison, déjà même quand tout va bien, elle va souvent plus vite que moi !!!. 1er ravitaillement, le même qu’il y a cinq ans et déjà l’impression d’y avoir laissé du jus, alors surtout ne pas hésiter à ``bouffer’’, il y a de l’ambiance ! Tous les ravitaillements seront agrémentés d’un thème de bande dessinée (Lucky Luke, Astérix, les Schtroumpfs, Superman, excetera), les bénévoles sont bien déguisés, c’est sympa. Je repars avec une seule idée en tête gérer. Et malgré ça, je ne me souvenais pas que c’était aussi dur !!! Pas de répits ! Les montées sont pratiquement toutes raides et techniques, les descentes sont toujours cassantes et piégeuses, les seuls moments de récupération, c’est la route et il y en a peu, si bien qu’arrivé aux environs de 40 km, je croyais que mon compteur ne fonctionnait pas, que ni ni ! Je n’en suis bien que là ! Et ça continue rien n’est facile. Et puis arrive la zone des Roc’h, de longues montées et descentes dans les ornières cailloutées, ça n’en finit pas, c’est très dur ! 65 km, Voilà l’embranchement pour la boucle des quelque 17 km supplémentaires du parcours des 120 km, je ne réfléchi même pas, car ! Reste encore gravé dans ma tête les mots de Jérôme et de Pépère il y a cinq ans «on n’est pas des tafiolles, on est là pour les 120 !!!» Donc je ferme ma gueule et je m’engage sur la boucle, un peu plus loin il y a les pompiers pour un blessé et curieusement il me semble que la dernière fois il y avait eu aussi une victime au même endroit. Jusqu'à présent j’ai respecté mon planning d’alimentation et de prise de fléchettes ainsi que l’absorption de pastille anti-crampe que m’a conseillé Patou et ça marche, je ne vais pas vite mais je ne me sens pas encore mort. La boucle est largement aussi dure que le reste, elle n’est pas là juste pour faire du kilométrage et ça commence à peser dans les jambes, les ravitaillements sont les super bienvenus. Arrivent les 80 km prés de la chapelle ST Michel, c’est là où m’attend mon fan-club après une descente rocailleuse très très éprouvante, je me rends compte que j’ai perdu mon bidon de réserve et la fixation de ma sacoche de selle lâche, je la rattrape in-extrémis pour la mettre dans mon Camel back. Très très content de trouver les miens, je prends un peu de bon temps avec eux, alimentation, boisson, je me gave encore et ça fait du bien de se poser avec ceux qui savent prendre soin de moi, mais il faut repartir malgré tout, les autres participants passent toujours et encore, on se rend bien compte que l’on est en fin de peloton, toutes les autres distances sont devant, du moins je le crois, c’est toujours aussi dur et je me ménage encore, je préfère descendre de vélo aux endroits dangereux, bien que plus lucide qu’il y a cinq ans, je fais quand même quelques fautes de pilotage qui pourraient être fatales, alors vigilance, j’écoute aussi mes jambes qui commencent à agoniser elles !!!, le moral va plutôt bien, ainsi que le cœur et le cul (c’est important aussi le cul et le bas du dos), la préparation paye. Avant dernier ravitaillement, nous ne sommes que quelques pelés et déjà les réflexions des bénévoles de la croix rouge ! « à quelle heure comptez vous arriver ? » puis une autre petite boucle ou là les organisateurs nous signalent « vous êtes les derniers à passer par là ! Nous supprimons ces 4 km pour les autres ! Ce qui veut dire qu’après cette boucle, vous vous retrouverez les derniers de la rando ». Heureusement, nous nous retrouvons à sept ou huit, et là nous décidons de constituer le groupe étau et de rester tous ensemble. Cette petite boucle est toujours aussi dure et technique que le reste, quand nous la terminons les motards de l’organisation nous attendent et s’assure que tout le monde est bien là, «il y a eu beaucoup de casse là-dedans » nous expliquent t’ils. On continue et au fur et à mesure on rattrape d’autres concurrents, c’est là que je me rends compte que la gestion de mes efforts a été utile, on rattrape des gars au bord de l’agonie y compris des concurrents du 100 km. Dernier ravitaillement, une dernière fléchette et je constate que c’est moi qui vais le mieux du groupe, on discute un peu, certain on besoin de ça, je suis le plus ancien et tous ce calque sur mon rythme, ça les rassure. Nous avons Huelgoat en vue, quelques côtes encore mais ça n’est plus aussi difficile techniquement, il faut tenir et je m’emploie à soutenir les gars qui m’accompagnent (tous me remercieront avant l’arrivée), du coup je ne fais plus attention à moi-même et dans la côte finale, je donne encore pas si mal tout compte fait ! (Ouai ! je sais ! c’est prétentieux mais la dernière fléchette était une ``coup de fouet’’). Mon fan club est là… sourire !!!... c’est fait… Ils démontent l’arche d’arrivée. Il est plus de 19 h, mon compteur affiche les 120 km annoncés et 9h50 de roulage à 12 km/h de moyenne. Le couple qui nous accompagne repart pour Nantes, Brigitte et moi rejoignons le gîte et je peux vous assurer que je n’ai pas fait de folies après la douche et le dîner.
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